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Gouverner par intérim : quand l’exception devient la règle.
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Gouverner par intérim : quand l’exception devient la règle.
Depuis le décès du ministre Gabriel Dodo Ndoke, le 21 janvier 2023, le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique du Cameroun est dirigé par un intérimaire. Plus de deux ans plus tard, aucune nomination officielle n’a été faite. Ce silence prolongé n’est pas anodin. Je l’avais signifié en son temps pour le dénoncer et le condamner. Ceci révèle une dérive inquiétante : celle d’un gouvernement qui s’installe dans l’exception, au mépris de la lettre et de l’esprit de la loi fondamentale.
Suppléer un ministre temporairement pour cause de maladie ou de congés relève de l’organisation interne d’un gouvernement. Mais remplacer un ministre décédé ou démissionnaire est un acte politique et constitutionnel majeurs, qui engage la responsabilité du chef de l’État et du Premier ministre. Il ne peut être relégué à une simple formalité administrative. Or, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui.
« Quand les racines d’un arbre commencent à pourrir, il ne faut pas attendre que les branches tombent pour agir. »
Ce gouvernement par intérim, ou plutôt par embuscade, brouille les repères institutionnels. Il crée une zone grise où l’autorité devient floue, où les décisions stratégiques sont prises sans légitimité pleine et entière. Il affaiblit la continuité de l’État et nourrit le soupçon d’un pouvoir qui préfère l’opacité à la clarté, l’improvisation à la rigueur. Disons-le clairement, où est le Président de la République ?
Nous ne pouvons pas rester silencieux face à ce qui s’apparente à un détournement de l’esprit de la Constitution. Gouverner, ce n’est pas gérer au jour le jour. C’est prévoir, décider, assumer. C’est aussi respecter les institutions et les citoyens. Le ministère des Mines n’est pas un poste secondaire : il est au cœur des enjeux économiques, industriels et environnementaux du pays. Le laisser sans ministre nommé, c’est envoyer un signal de désinvolture à tous les partenaires du Cameroun.
« Quand il n’y a pas d’ennemi à l’intérieur, l’ennemi de l’extérieur ne peut pas te faire de mal. »
Il est temps de sortir de cette logique de gestion à vue. Il est temps de rappeler que l’intérim n’est pas une solution durable. Il est temps, surtout, de redonner à la République ses lettres de noblesse, en respectant ses textes, ses principes et ses exigences.
« Le lézard qui tombe d’un arbre regarde autour de lui avant de continuer son chemin. »
Pourquoi cela pose problème ?
Le pouvoir de nomination des ministres est une prérogative exclusive du Président de la République, selon la Constitution camerounaise.
Le Secrétaire général des services du Premier ministre n’a aucune compétence constitutionnelle pour nommer un ministre, même par intérim. Il peut transmettre ou exécuter des instructions, mais pas signer une nomination.
Même si le communiqué évoque des « Très Hautes instructions », aucun décret présidentiel n’a été publié à ce jour pour entériner cette nomination.
En résumé :
Oui, il s’agit d’une irrégularité formelle et potentiellement d’une violation de la Constitution. Ce type de pratique alimente l’idée d’un gouvernement parallèle, où les procédures officielles sont contournées au profit d’arrangements administratifs opaques, voire d’un gouvernement de coquins.
1. Violation du principe de légalité
Dans tout État de droit, nul ne peut exercer une fonction publique sans y avoir été légalement nommé. La nomination d’un ministre, même par intérim, doit être formalisée par décret présidentiel, publié au Journal officiel. Un simple communiqué, même s’il évoque des « Très Hautes instructions », ne suffit pas.
2. Dérive bureaucratique
Quand un secrétaire général signe un acte qui relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’État, on assiste à une usurpation de compétence. Cela crée un précédent dangereux où l’administration se substitue au politique, sans contrôle ni transparence.
3. Affaiblissement de la légitimité
Un ministre nommé sans décret est un ministre sans légitimité. Ses décisions peuvent et doivent être contestées, ses actes annulés, et sa parole remise en cause. Cela fragilise l’action publique et mine la confiance des citoyens.
Ce n’est pas la première fois que la question des compétences présidentielles exclusives est posée. En 1987, le président Paul Biya justifiait le limogeage du ministre des Affaires étrangères William Etéki Mboumoua en rappelant que certaines décisions, notamment en matière diplomatique, relèvent exclusivement du chef de l’État. Ce précédent historique montre bien que la nomination des ministres ne peut être déléguée ni improvisée, encore moins confiée à un secrétaire général, fût-il celui des services du Premier ministre ou celui des « Hautes Instructions ».
« On ne confie pas le feu à un enfant qui ne sait pas ce qu’est une brûlure. »
Comment est-ce possible ?
Parce que le système institutionnel actuel tolère l’opacité, cultive l’ambiguïté, et évite les procédures formelles. On gouverne par notes, par instructions verbales, par communiqués non publiés. C’est une forme de gouvernance informelle, qui échappe aux règles de droit et à la reddition de comptes. Ceux qui croient nous gouverner encore nous font pousser les poils sur la langue.
« Quand les tambours changent de rythme, les danseurs doivent s’adapter. »
Prof Vincent Sosthène Fouda Essomba
Socio-politologue

ATN
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