NDE / Bazou — Ce qu’il faut retenir du discours d’investiture de Sa Majesté Happy Tchoua, Roi de Bazou.

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NDE / Bazou — Ce qu’il faut retenir du discours d’investiture de Sa Majesté Happy Tchoua, Roi de Bazou.

Le discours d’investiture de Sa Majesté Marcelin Happy Tchoua, Roi du Royaume Bazou, le 17 mai 2025, devant une foultitude de hautes autorités politiques, administratives, religieuses, traditionnelles, coutumières, et la population, marque une inflexion majeure dans la doctrine royale et stratégique de Bazou. Une rupture avec tout ce qui plombe la cohésion et empiète le développement de Son Royaume. L’examen attentif de ses propos permet de déceler son envie de remodeler l’esprit Bazou.

Grandes lignes du discours

La première prise de parole publique du Roi a été consacrée dans un discours brillant. Vif. Une structure et une fluidité excellentes. Ses propos ont mis en avant sa capacité à captiver son auditoire et à donner du relief à son message. En usant d’anecdotes personnelles et en illustrant son discours de cas concrets puisés au sein des Bazou et dans la famille régnante, il a transformé des sujets délicats, comme l’ego surdimensionné des élites, la mendicité des chefs et notables, la paresse des jeunes, en un impératif moral partagé. Cette approche lui a permis d’imposer son récit sans mettre son auditoire dans une posture défensive.

Ce discours, à la fois audacieux et structuré, illustre une ambition royale. Replacer le Royaume Bazou au sommet départemental et régional en misant sur l’efficacité, la souveraineté et la détermination. La réprimande discrète mais ferme contenue dans son message le distancie des mauvais arrangements du passé. Il veut imposer un cap clair et assumé pour l’avenir du Royaume. Il se pose en leader actif et résolument tourné vers l’action, face à une élite coloniale, divisée, orgueilleuse, une jeunesse laxiste, et une notabilité corrompue et crispé. Cette déclaration du 17 mai acte une transformation profonde du Royaume. Pose les bases de son repositionnement départementalo-régional. Éclaire sur la vision d’un Roi qui a une logique stratégique, une oreille attentive pour ses sujets sans se plie aux interférences et ingérences des clans en concurrence, afin d’éviter à sa population de s’enfermer dans une posture de réaction stérile.

Écrire et codifier les us et coutumes

Il est également à noter que le discours du Roi a sur le plan socio-anthropologique, invité les ‘‘notables et patriarches’’ Bazou à utiliser les outils modernes de communication pour ‘‘écrire et codifier leurs us et coutumes’’ en vue d’une part de ‘‘faciliter leur transmission et leur vulgarisation, [et d’autre part] de les rendre pérenne pour les générations futures.’’ Un point essentiel dans la mesure où la mémoire Bazou est inconsidérée par ses enfants (documentalistes, bibliothécaires, anthropologues, sociologues, historiens, traditionalistes, et prêtres des cultes ancestraux).

Le dysfonctionnement des chefferies de 3e degré est aussi un fait. Pour lustrer cette caste, ‘‘le notable ou le serviteur doit cesser d’être celui-là qui fait le tour des maisons des élites à la recherche de la pitance. [Il ne doit être] ni le notable des bars, ni le notable de ville encore moins celui des réseaux sociaux.’’ Conseille le Roi qui s’est donné pour mission de ‘‘veiller avec ses notables… que toutes les confréries soient réactivées et fonctionnent normalement.’’ Ce ‘‘normalement’’ vise aussi la réactivation du rôle traditionnel des chefferies. Le ton est donné par ces mots. ‘‘Je ne veux voir aucune association à la chefferie supérieure sans que ces instances [chefferies de 3e degré et notables] aient préalablement été saisies.’’ Ces derniers doivent ‘assumer leur rôle d’encadrement des populations dans divers domaines.’’ Explique Sa Majesté Tchoua.

Redynamiser le Comité de développement de Bazou (CODEBAZ)

L’un des points centraux de son intervention a été son engagement à redynamiser le CODEBAZ. Il a prescrit la ‘‘relecture’’ et la ‘‘révision’’ de ses ‘‘textes’’ dans une fourchette de ‘‘cinq mois.’’ Devrait suivre ‘‘la convocation d’une assise pour l’élection de son bureau.’’ Ce soubassement élaboré, les élites qui se distinguent par ‘‘les divisions et les batailles d’égo surdimensionnés, les égoïsmes exacerbés, les clanismes, les manœuvres dans l’ombre, les crocs enjambe, l’irrespect, le recrutement et le déploiement des agents nocifs,’’ pourraient canaliser ‘‘les énergies qu’ils perdent’’ dans des querelles infécondes, pour se concentrer ‘‘sur le terrain de la construction du Royaume Bazou qui a besoin d’apaisement, de réconciliation, de rassemblement, afin que ses différences ne deviennent pas des divisions. Ni ses diversités des discordes’’ (Lire—‘‘Cameroun/Département du Ndé: Bazou malade de ses élites’’). Il incombe donc au Roi, a-t-il dit, ‘‘le devoir impérieux’’ de ‘‘faire vivre ensemble tous les Bazou sans distinction, autour des mêmes objectifs, des mêmes valeurs, ceux d’un Bazou durablement développé, ceux de la préservation de [leurs] us et coutumes, socle de [leur] identité culturelle.’’ Cette nouvelle dynamique va déblayer le terrain moral. Créer la confiance. Cultiver ‘‘l’esprit de concorde pour construire un changement profond… mettant en œuvre les projets inducteurs de développement durable,’’ dans le but de ‘‘barrer la route à l’exode des jeunes.’’

Éviter la dispersion des énergies

‘‘Assigner une ligne de conduite aux administrateurs’’ des différents foras qui s’identifient au Royaume Bazou, dans l’intention d’éviter la dispersion des énergies, est l’un des passages marquants de son discours. A l’évidence, ces foras sont le dépotoir de toutes les ordures collectées sur les réseaux sociaux. Un lieu ténébreux ou des militants, a l’occurrence du MRC déversent une haine luciférienne et une inculture politique renversante. Pourtant, les Bazou sont autant apolitiques que militants ou sympathisants d’autres partis politiques, ou des organisations de la société civile. Aucun débat sur les questions socio-économiques. Pourtant, ces groupes de rencontres virtuelles devraient servir de socle de réflexion sur les ‘‘grands pôles de développement tels que les zones de colonisation agricole. Les zones d’habitat des jeunes et de la diaspora.’’ Suggère le Roi des Bazou qui invite ‘‘les notables, les élites et l’administration’’ à travailler dans ce sens. Pour la matérialisation de ces idées, il a interpellé les opérateurs économiques. Les incitant à ‘‘investir à Bazou’’ pour ‘‘booster l’agriculture et l’élevage’’ qui ‘‘nécessitent de petites unités de conservations et de transformations.’’ Si cet appel est entendu, et si quelques projets structurants sont réalisés, cette mécanique va ‘‘stopper l’exode rural, fixer les jeunes au village, et ramener ceux qui vivent dans les conditions très précaires’’ en ville.

Seuhgnias

Un autre point saillant de son discours porte sur la contribution des jeunes dans une logique de performance pour l’atteinte des objectifs de sa gouvernance. ‘‘Sachez que vous serez une priorité pour moi car si nous voulons construire un Bazou de l’avenir, on ne peut le faire qu’avec une jeunesse aguerrie.’’ Ceci pourrait se faire dans une approche participative. ‘‘Moi-même votre désormais roi, je suis encore jeune comme vous, je vais me mettre au travail ; je serai à vos côtés à la vigne, dans les plantations, dans les chantiers dans le cadre des «tontines de travaux» communément appelées en notre langue «seuhgnias».’’ Afin de décalaminer le processus, il a exhorté les jeunes à ‘‘changer de comportement’’ afin de donner une chance aux cœurs de compassion de les aider.

Minuscule pan de l’Histoire

Sa Majesté Tchoua Happy a également abordé très succinctement un minuscule pan de la riche l’Histoire de ‘‘Bazou qui est une chefferie supérieure emblématique au Cameroun, incendiée et pillée pendant la guerre de l’indépendance.’’ Il a évoqué son arrière-grand-père, le Roi Tchakountio. Réservoir d’intelligence et de sagesse auprès de qui les monarques du Ndé se sont abreuvés de savoir pour éviter à leur peuple la traite négrière. De son grand-père le Prince Kemajou Daniel, ambassadeur itinérant, il informe qu’il fut ‘‘le premier président du tout premier parlement camerounais qui a œuvré pour l’indépendance de son pays à la tribune des nations unies.’’ Exerçant comme Maire de Nkongsamba, ‘‘il a construit l’actuel hôtel de ville de la mairie de cette ville.’’ Pour ses idées politiques souverainistes, il avait été fait prisonnier et frappé d’interdiction de séjour. Sportif, ‘‘il est le fondateur de la panthère sportive de Bangangté.’’ Quant au Roi Kemayou Tchoua dont il succède au trône, ce greffier, maire de Bazou, et Conseiller Régional de l’Ouest, était une caisse à idées novatrices.

‘‘Conscient qu’il a hérité d’un trône sur lequel se sont assis de très hautes personnalités,’’ il sait que sa tache ne sera pas facile. Mais il doit relever le défi. Le ‘‘Haut Conseil’’ qui était une sorte de ‘‘think tank’’ pour prévenir le Royaume Bazou des turbulences et lui garantir un avenir prospère doit être ressuscité. Les ‘‘élites et notables [devraient se] à se joindre à lui pour réactiver’’ cette ‘‘chambre,’’ lui faire jouer un rôle important dans l’élaboration des ‘‘politiques économico-socioculturelles’’ du Royaume et le lobbying. Là encore, le message est clair.

Âge d’or de Bazou

Sa vision optimiste et ambitieuse pour l’avenir du Royaume Bazou élaborée autour d’un travail collectif se résume en une phrase. ‘‘Je prends l’engagement solennel que mon règne puisera sa force sur le peuple Bazou, mon règne s’exercera avec les Bazou et pour les Bazou.’’ A cela, il a ‘‘lancé un vibrant appel à toutes les composantes de la société,’’ afin que chacun contribue à la construction d’ ‘‘une nouvelle approche de gouvernance et de stratégies plus porteur’’ pour le bien-être de la collectivité et du Royaume. Entre les lignes, ces propos indiquent que ‘‘l’âge d’or de Bazou commence maintenant.’’ C’est pourquoi son enthousiasme était palpable lorsqu’il a affirmé que ‘‘le peuple Bazou a aujourd’hui, plus que jamais besoin d’un village fort, sûr de son destin, réconcilié, qui porte haut la voix de la solidarité.’’ Un Bazou ‘‘qui sache mettre en valeur sa culture, symbole de son identité, inventer l’avenir de sa jeunesse [et] enclencher un véritable développement durable.’’ Ce mélange de promesses optimistes et de réalités pointe des enjeux critiques tout en offrant une vision d’espoir.

Discours reçu unanimement

Ce discours déterminé à rétablir l’ordre et la fierté du Royaume a été unanimement salué. Personne, même parmi les détracteurs de son prédécesseur, n’a dénoncé un ton clivant ou des positions susceptibles de diviser. Son style oratoire, mêlant promesses grandioses et rhétorique à la fois paternaliste et fraternelle-amicale-et-rassembleur, a créé un sentiment d’adhésion à sa personne et ses plans. La question est de savoir s’il va garder le cap ou se faire happer par les esprits vicieux-tortueux-et-ténébreux du Royaume.


Feumba Samen

PNB

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