Présidentielle 2025 : Trois visages pour une alternance.

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Présidentielle 2025 : Trois visages pour une alternance.

À quelques mois d’un scrutin décisif, trois figures de l’opposition camerounaise Maurice Kamto, Cabral Libii et Vincent-Sosthène Fouda tracent des chemins différents vers un même objectif : le changement. Entre légitimité institutionnelle, transition constitutionnelle et refondation morale, chacun incarne une vision de l’après-Biya.

Kamto, la stature d’un présidentiable

Leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto s’impose comme le favori des sondages. Fort d’un soutien massif dans la diaspora, les centres urbains et les régions de l’Ouest, il mise sur une stratégie de légitimité institutionnelle. En dénonçant les failles du système électoral et en mobilisant les instances internationales, Kamto veut incarner une alternance crédible, pacifique et démocratique.

« Le Cameroun n’a jamais été un pays ordinaire », rappelle-t-il, appelant à une transition exemplaire.

Cabral Libii, l’architecte d’une transition

À la tête du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), Cabral Libii se positionne comme le réformateur pragmatique. Son projet de fédéralisme communautaire et sa proposition d’une transition constitutionnelle de 2 à 3 ans séduisent une jeunesse avide de renouveau. Deuxième dans les intentions de vote, il appelle à une coalition d’opposition pour éviter une dispersion des voix.

« Le Cameroun a besoin d’une transition refondatrice pour garantir une alternance pacifique et durable », affirme-t-il.

Vincent-Sosthène Fouda, la voix de la conscience

Moins médiatisé mais tout aussi engagé, Vincent-Sosthène Fouda incarne avec le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie MCPSD une révolution morale. Refusant les clivages ethniques et partisans, il prône une refondation du contrat social et une mobilisation citoyenne massive. Son discours, à la fois poétique et politique, séduit une frange d’intellectuels et de jeunes désabusés.

« Le Cameroun n’a que deux véritables ethnies : la minorité de riches et la majorité de pauvres », martèle-t-il.

Fouda et la réforme du mandat présidentiel : une innovation démocratique

Dans sa vision d’un Cameroun refondé, Vincent-Sosthène Fouda propose une réforme audacieuse du mandat présidentiel : un mandat de 4 ans, renouvelable trois fois, avec une disposition inédite. À mi-mandat du troisième et dernier mandat, des élections anticipées seraient organisées. Le président élu participerait alors à la gestion du pays pendant deux ans aux côtés du président sortant, avant de prêter serment.

Cette mesure vise à assurer une transition fluide, à éviter les ruptures institutionnelles brutales et à préparer le successeur à la réalité du pouvoir. Elle s’inscrit dans une logique de stabilité démocratique, de transparence et de transmission républicaine.

« Il ne suffit pas de changer les hommes, il faut aussi changer les mécanismes de transmission du pouvoir », affirme Fouda, qui voit dans cette proposition un levier pour réconcilier les Camerounais avec la politique.

Fouda et la pression de l’opinion publique

Même si Vincent-Sosthène Fouda n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature à cette élection présidentielle d’octobre 2025, il reste présent sur la scène politique nationale. De plus en plus, il est pressé par l’opinion de se dévoiler.

Opportunité ou menace ?

D’un côté, la sortie de Tchiroma du giron du pouvoir affaiblit le RDPC dans une région stratégique, ce qui pourrait ouvrir un espace politique pour Kamto et d’autres figures de l’opposition. Tchiroma a dénoncé publiquement l’échec du centralisme, plaidant pour une réforme fédérale et une meilleure reconnaissance des identités régionales.

Mais de l’autre, cette défection pourrait fragmenter davantage l’électorat du Nord, traditionnellement peu acquis à Kamto. Tchiroma, bien qu’impopulaire auprès de la jeunesse, conserve une capacité de nuisance politique et pourrait capter une partie de l’électorat contestataire, affaiblissant ainsi le vote utile en faveur du MRC.

Certains analystes estiment que Tchiroma ne cherche pas tant à gagner la présidentielle qu’à se repositionner pour les législatives et municipales de 2026. Mais sa rhétorique actuelle, très critique envers le régime, pourrait forcer Kamto à durcir son propre discours, au risque de perdre son image de légaliste modéré.

Vers quel scénario électoral ?

Les projections actuelles donnent Maurice Kamto vainqueur au premier tour, à condition que l’opposition reste divisée. Un second tour Kamto vs Libii reste envisageable si une dynamique de coalition se met en place. Dans ce jeu d’alliances, Fouda pourrait devenir l’arbitre, voire le catalyseur d’un front commun.

Un tournant historique

La présidentielle de 2025 s’annonce comme un moment charnière. Trois hommes, trois visions, mais un même désir : rompre avec le statu quo. Le peuple camerounais, plus que jamais, détient les clés de son avenir.


Alain Patrice OLINGA

ATN

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